Rénovation des diplômes JEPS : Point d’étape
La ré-ingénierie des diplômes de la filière JEPS démarrée en mars 2022 a pour ambition de conduire à leur structuration en blocs de compétences et en théorie vise la simplification des parcours professionnels. Ambition qu’il conviendra d’évaluer ultérieurement. Cette réforme est la conséquence de la « loi du 5 septembre 2018 » qui a entre autres modifié en profondeur l’organisation du Compte Personnel de Formation (CPF) et qui exige aussi la création de « blocs de compétences » pour les formations.
Ce chantier autour des diplômes professionnels Jeunesse et Sports en 2024 aurait pu n’être qu’un toilettage pour se conformer aux exigences de la loi. Mais le Ministère a fait des choix qui vont modifier le paysage des diplômes professionnels de l’animation et rajouter de la complexité. Complexité à la complexité où tout le monde ne se retrouvait déjà pas dans les trois filières existantes :
- éducation national (avec le Bac Pro Animation où les élèves en l’occurrence entre en formation dès 15 ans ! Le BAFA à 16 ans étant déjà très critiquable) et les formations universitaires (Staps, BUT carrières sociales…)
- La filières des formations JEPS (créée au début des années 1980)
- les formations de branches : les titres
La filière JEPS a tout son sens et nous la défendons. Et en ce sens la réforme n’est pas que rassurante.
Nous sommes donc à la troisième réforme en 20 ans, sans compter le succession des nouvelles lois sur la Formation Professionnelle, l’arrivée de la démarche qualité et les nombreux changements du financement de la formation professionnelle (quasiment tous les ans) Un travail de veille, d’actualisation, d’ingénierie… et un soucis d’information pour s’y retrouver.
Il n’est pas possible de demander à l’État, à la DJEPVA ou aux DRAJES ce qu’elles en pensent. C’est logique il y a un droit de réserve et l’institution ne peut que défendre le dossier car elle va devoir mettre en œuvre la réforme. Il est pour autant intéressant de regarder l’expression syndical au sein du ministère.
Le syndicat Solidaire des fonctionnaires Jeunesses et Sports : « Alors que l’on aurait pu s’attendre à ce que cette rénovation des diplômes soit l’occasion de débattre sur l’évidente nécessité des formations JS, le sens des métiers dans notre champ et leur pertinence, c’est évidemment rien de tout cela qui émerge, bien au contraire. » et souligne l’absence d’écoute même du Comité de la filière Animation.
La CPC Animation et Sport valide les diplômes mais c’est une commission interministérielle avec des logiques contradictoires entre ministères. Nous avons pu constater les positions corporatistes du ministère de l’Enseignement Supérieur. Il s’est attaqué par exemple à enlever entre autres la notion de « conception » sur les diplômes BPJEPS. « Bataille qui n’est pas que sémantique, mais qui tend à rabaisser le diplôme alors que cette notion existe sur le bac pro ! » SNPJS CGT des fonctionnaires JS.
Bien évidemment même si le niveau des certifications baissent nous maintiendrons le niveau des formations qui résultent de l’employabilité des stagiaires. Le BPJEPS sera toujours centré sur la conception et la mise en œuvre d’un projet d’animation (du diagnostic du public dans un environnement professionnel, à sa mise en œuvre avec des collègues et partenaires jusqu’à son évaluation)
Quels sont les principaux changements ?
Les volumes horaires des CPJEPS sont inchangés, avec 700h minimum en formation initiale dont 400h en centre de formation. Du côté des nouveaux BPJEPS, le volume est revu légèrement à la baisse en centre de formation avec 540h pour un total en formation initiale à 900h minimum. Il perd l’ancienne UC3 qui permettait de diriger les ACM. La raison de cette suppression est assez simple : elle représentait 80 % des échecs au BPJEPS avec entre autres certain.es stagiaires arrivaient en BPJEPS LTP sans réellement vouloir diriger. Nous allons par contre multiplier progressivement en 2025 – 2026 les Certificats Complémentaires direction des ACM qui font 70 heures (610 heures donc pour les deux formations)
Au niveau de l’APT qui devient le « multi-sport »
Le SNPJS CGT des fonctionnaires JS s’inquiète de la simplification de la certification sur une seule activité (au lieu de 3 précédemment sport et jeux collectifs, APPN – activité physiques de pleines nature, Gymnique et activités corporelles) : « Concernant la certification, les candidat.e.s présenteraient 1 cycle sur une seule activité pour être évalué sur un diplôme se nommant « multi-activités ». Quelles garanties quant au respect de l’annexe II du code du sport et des prérogatives très larges données aux détenteurs de titres du multi-activités si le jury et les évaluateurs ne peuvent garantir la sécurité des publics participant à d’autres activités ? » Là aussi nous maintiendrons la qualité de nos formations sur les 3 champs d’activités, comme le souligne aussi le référentiel métier avec une obligation de faire vivre les trois familles d’activités !
La disparition des mentions
La disparition des mentions sur le BPJEPS : EEDD, Activités Culturelles, Cirque et Animation Sociale revient à supprimer 40 % des qualifications délivrées les années précédentes. De plus les blocs de compétences ne font pas référence aux compétences des mentions. Cela interroge par exemple à la fin de l’animation sociale : « En effet, l’animation auprès de personnes vulnérables dans le champ du travail social relève de gestes professionnels particuliers et le ministère des affaires sociales ne s’est pas prononcé à ce jour sur la reconnaissance en son sein du BPJEPS, nouvelle formule. Ce nouveau BPJEPS s’inscrit clairement dans une animation à destination de l’enfance et pourrait faire perdre de vue d’autres types de publics comme les personnes âgées. » CEMEA France. L’État, les DRAJES sont mises en difficulté car très souvent dans les années passées les DRAJES s’opposaient à ce que des stagiaires en Ehpad s’inscrivent sur un BPJEPS LTP.
De cet aspect de la réforme on aurait pu espérer l’arrêt de cette distinction sur les publics dit vulnérables d’un côté et ceux de l’enfance de l’autre pour espérer avoir des promos avec plus de diversité et un bpjeps animation qui travaille à la fois la dimension projet collectif et l’accompagnement individuel. On peut aussi craindre (sans augmentation des horaires et un affichage moins clair pour les employeurs) avoir un BP enfance et jeunesse et des stagiaires et employeurs qui se dirigent plus vers le diplôme Moniteur.ice éducateur.ice pour la dimension animation sociale.
Pour l’EEDD – éducation à l’environnement et au développement durable il en est de même dans un contexte sociétal où les enjeux environnementaux sont pour autant fondamentaux. Pourquoi supprimer cette mention. Nous ouvrions un BPJEPS EEDD depuis 2011 sur St Nazaire avec ou sans marché Région : il répondait de fait à des besoin des employeurs et du désirs pour les personnes. Certes pas aussi massivement que sur le LTP, mais ils répondaient à des besoins spécifiques réels. Nous maintiendrons pour autant cette formation en 2025 avec un BPJEPS Animation « Environnement », un BPJEPS avec une orientation sur l’environnement à St Nazaire et un nouveau en Mayenne. Nous réfléchissons à le faire en 600 heures (comme le BP EEDD) dont 60 heures supplémentaires spécifiques sur l’environnement et poser l’environnement en transversalité sur l’ensemble des blocs.
La durée d’alternance
Autre élément de réforme qui est passé quasiment inaperçu. Nous sommes à 300 heures d’alternance, une division par deux de la durée minimum de l’alternance. Cette décision pourrait avoir un impact sur les PRFQ (programmes régionaux formation qualifiante) et sur les contrats pro : une baisse du temps d’alternance et donc une baisse d’exigence en terme de qualité et de contenu (car il faut du temps pour s’approprier nos métiers).
Le DEJEPS et DESJEPS
Pour le DEJEPS les travaux commencent juste et nous attendons de voir comment les travaux avanceront dans un contexte politique instable avec la dissolution de l’Assemblée Nationale. Un travail technique sans trop de présence politique ? Sur le DESJEPS les travaux sont terminés avec en nouveauté un DESJEPS Animation et sport. Nous avons craints que le sport fasse baisser le niveau d’exigence en particulier sur les compétences que nous retrouvions sur les 3 premières UC, souhaitant se centrer sur l’UC4 qui correspondait plus à la dimension sportive. Il n’en a pas été le cas et dans le secteur de l’animation le débat se situait plus sur la question : niveau 6 ou 7. Les CEMEA ont défendu le niveau 6 pensant qu’il est important d’avoir une formation autour de la direction de structure pour des personnes n’ayant pas dirigé ou peu et s’y préparant. Le niveau 7 existe et est destiné aux personnes ayant déjà une pratiqué conséquente de la direction.