12 terrains d’aventure en Pays de la Loire sur l’été 2022 !
Été 2022, ce sont plusieurs terrains d’aventure dans la région Pays de la Loire
- Angers (49) : Belle Beille (ouvert 7 mois dans l’année), Montplaisir (2 mois) et quelques premières expérimentations sur la Roseraie
- Chemillé (49) : 1 mois
- Cholet (49) : 2 mois
- Orée Bercé Belinois (72) : 1 mois
- Orvault (44) : ouvert toute l’année
- Saint-Nazaire (44) : 3 mois
- Saint Herblain (44) : 1 mois
- St Sébastien sur Loire (44) : 1 mois
- Nantes ( 44) : Clos Toreau (3 mois), Nantes Nord (1 mois), Dervallières (2 mois)
Témoignages de Terrains d’Aventure :
Une histoire de bidon
Tribulation d’un TA – un été à Orvault Plaisance
Un improbable TA à Nantes Nord
35 mois d’ouverture, 110 animateurs et animatrices (dont une trentaine des CEMEA), 12 terrains qui accueillent entre 20 et 150 enfants par jour et sur un mois entre 120 et 500 enfants accueillis différents. Sur les 6 terrains d’aventure gérés directement par les CEMEA, ce sont près de 2300 enfants accueillis sur l’été.
Nous avons connu globalement une baisse de fréquentation en Août (en particulier autour du 15 Août) avec une reprise souvent dès le 16 août. Cette baisse de fréquentation est notamment liée aux départs en vacances plus nombreux après deux étés perturbés par le Covid. Cela reste une hypothèse mais elle est fortement probable, même si la fréquentation d’un TA n’est jamais gagné d’avance. Il faut le faire connaître, rencontrer les parents, inviter des groupes, des classes… inscrire à terme le TA sur le territoire, sur le quartier.
Le Terrain d’Aventure c’est d’abord choisir un terrain
On savait que le choix du terrain n’a rien de neutre, l’été 2022 l’a démontré.
Un terrain éloigné des habitations rend plus complexe la venue et le déplacement de certains enfants. Il faut du temps de trajet, traverser certaines routes, parfois des lieux de rdv de jeunes qui insécurisent les enfants et/ou les parents (parfois à tort). Il faut aussi plus de temps pour le faire connaître. C’est le cas du terrain de Nantes – Dervallières. Souvent le terrain éloigné est fréquenté par moins d’enfants. Celui de St Herblain, au pied du bâtiment du Sillon de Bretagne, en grande proximité, accueillait près de 150 enfants tous les jours. Mais ce type de terrain, un peu plus éloigné, a aussi ses avantages avec des espaces plus libres pour les enfants, pour expérimenter sans être sur le regard direct des parents et habitant.es depuis leurs appartements.
Un terrain de proximité, parfois dans un espace de deal provoque d’autres choses. L’enjeu n’était pas « virer » le coin de deal (ce n’est pas notre fonction), mais de vivre un même espace sur une même période. Cela a même commencé par des négociations avec les jeunes : ne pas mettre de barrières là, éviter l’usage des scooters ou des motos sur le TA… Et, même si finalement la cohabitation a été possible et que le TA a vécu, il convient souvent de choisir sa proximité : en vue mais pas forcément trop proche, des arbres car les canicules vont se multiplier, un lieu de passage ou connu...
Un terrain avec des pentes permet des expérimentations diverses et des espaces séparés. C’est par exemple le cas du TA des Dervallières (Nantes, Orvault) avec des expérimentations et l’utilisation de la pente. Au Clos Toreau (Nantes) la pente a permis de vivre l’espace sur deux niveaux, un haut et un bas avec la possibilité de se mettre à l’abris des regards. Le haut est un espace partagé avec des tables, des salons construits sur place et beaucoup utilisés par les familles et les habitant.es. En contrebas on retrouve les espaces cabanes et toiles d’araignées des enfants, en vue sans être en vue. Les espaces adultes et parents sont importants et transforment les terrains d’aventure en réel espace de vie sociale.
A Belle Beille les habitants se sont construits une grande cabane avec terrasse. La topologie du terrain en elle-même offre beaucoup de possibilités : de grands arbres avec des branches accessibles, une grande zone d’ombre, des recoins et une grande pente.
Le choix du terrain est donc fondamental. Son emplacement et ses caractéristiques ont une influence sur ce qu’il s’y vit. Il convient donc de l’expliquer à l’ensemble des acteurs (Ville, Etat, bailleurs sociaux, associations) car un terrain doit se choisir collectivement. Et ce choix doit se faire en conscience et donc avec les éléments d’analyses.
Qui fréquente les Terrains d’aventure ?
Les enfants
Les observations présentées sont réalisées pendant les heures d’ouverture. Un TA vit quasiment toute la journée et au-delà, même après la fermeture des containers. Souvent en début de soirée (20h00) ce sont les familles puis progressivement vers 23h00 ce sont les jeunes. Avec très peu de dégradation (même si cela peut arriver) mais aussi des constructions de soirée ou de jour de fermeture.
A ces publics se rajoutent les groupes constitués, importants pour faire connaître le TA, importants aussi car le TA est un espace d’expérimentations, notamment pour les écoles et les ALSH. En ce sens, pour les écoles, l’ouverture en mai et Juin est importante.
Les personnes accueillies, adultes comme enfants, habitent pour l’écrasante majorité juste à côté du Terrain d’Aventures. Il n’y a pas de surreprésentation d’un genre par rapport à un autre, les moments d’observation/comptage sur le TA nous indiquent une répartition presque égale entre hommes et femmes, garçons et filles. Plusieurs filles nous ont indiqué qu’elles ne venaient pas sur cet espace avant. C’est parce que le Terrain d’Aventure est ouvert qu’elles osent venir ou ont la permission de venir dans l’espace public. En ce sens le TA répond à un objectif : une appropriation collective de l’espace public de tous les genres, des enfants mais aussi des adultes.
La chaleur a souvent retardé l’arrivée « massive des enfants » de 14h00 vers 15h30 et 16H00 avec des demandes de prolongement en soirée. Tous les TA ont leurs habitué.e.s fidèles (25 à 30 % des enfants) – présent.es quasiment tous les jours (quand iels ne sont pas en vacances !). Il peut leur arriver de papillonner entre le terrain et leur domicile, en fonction de la fréquentation (est-ce que les copain.e.s sont là où pas). Certain.e.s investissent le terrain et continuent de le transformer une fois que nous sommes partis le soir. D’autres viennent ponctuellement le samedi ou après l’accueil de loisirs. D’autres, aussi nombreux et nombreuses (25 – 30%), sont des enfants jouant, circulant dans les espaces publics du quartier et qui viennent épisodiquement sur le TA. Iels sont plus dans une dynamique de jeu que de construction, et viennent pour une durée moins longue. Iels restent sur des moment de vie collectifs (goûters, soirées, installation du ventriglisse et jeux collectifs)
Les jeunes et adultes
Les adultes sur le TA se répartissent en plusieurs typologies.
• Des parents (souvent des mamans) voisines du terrain où leurs enfants viennent jouer. Elles passent souvent l’après-midi avec nous, bricolent pour elle-mêmes, viennent sur le terrain pour discuter, prendre un café et sont à l’initiative de quelques temps, soirées.
• D’autres parents, dont les enfants sont sur le terrain, font des apparitions plus courtes, mais prennent le temps de discuter avec nous de la vie du lieu et du quartier.
• Un groupe de jeunes hommes peut être présent (Dervallières, Nantes Nord…) régulièrement sur le terrain. Ils sont là car le terrain s’est installé sur un espace occupé l’année (autour d’un banc, d’un abri…) Après discussion, on leur renvoie qu’ils ne sont pas exclus de l’espace et peuvent continuer leur usage. Souvent ils connaissent les enfants du quartier et participent à certaines constructions, parfois même à certaines régulations. Après la peur de l’exclusion ils deviennent souvent des alliés du TA. A Orvault nous avons même eu une appropriation du TA pour la rupture du jeûne. La Mairie mettait une salle à disposition mais c’était trop complexe dans la gestion des clés, des contraintes diverses. Le TA est donc devenu l’espace de rupture du jeûne, pendant une période de fermeture. La correspondance a été progressive – par courrier – puis avec rencontre, les jeunes étant curieux de comprendre ce qu’était cet espace qu’il pouvait vivre et utiliser aussi librement.
• Des adultes de passages car parfois le TA se construit dans un espace de passage (St Nazaire, Nantes Dervallières) Passage pour faire des courses, des adultes qui passent, viennent parler, s’arrêtent parfois prendre du café. Et, même peu nombreux, certain.es s’investissent dans la vie du TA.
• Les autres adultes sont en majorité des parents qui viennent accompagner leurs enfants, le terrain étant trop éloigné de leur lieu d’habitation pour laisser les enfants venir tous seuls, ou leurs enfants trop petits pour être laissés seuls.
L’activité et les terrains d’aventure
La construction de la cabane est toujours une activité importante. Petites et grandes, construite seul.e, à trois ou quatre ou plus collectives. En ces temps de chaleur, les constructions se sont centrées sous les arbres et on a eu des piscines comme à Saint-Nazaire.
La boite à jouer et le jeu symbolique
Mise en place sur plusieurs terrains. Elle a permis la mise en œuvre d’activité jeu – symbolique dans et hors des cabanes. Le jeu symbolique a été grandement favorisé par le fait d’avoir de nombreux objets à disposition dans le conteneur (vaisselle, petits objets électroniques, couverts, tapis, casseroles, ordinateurs…), mis en évidence à l’entrée du conteneur et totalement libres d’accès. On aménage ses cabanes sur tel TA, sur un autre c’est la « guerre » des restaurants qui se menaient une lutte acharnée pour attirer les clients. Dans un autre on a un magasin avec sa caisse.
La grimpe, la prise de risque
Au début de l’été, sur le TA des Dervallières les enfants montaient sur le conteneur. Nous donnions des consignes (pas de jeu de bagarre, on ne court pas), mais l’équipe n’était pas rassurée face à cette pratique. Pendant 2 semaines, nous avons interdit l’accès au dessus du conteneur. Dès que nous partions du TA, les enfants s’empressaient de remonter dessus.
Début août, dans la même journée, nous découvrons qu’un aménagement a été fait sur le conteneur (table, bancs), et nous apprenons de nouveaux éléments sur notre responsabilité civile et pénale si jamais un enfant chute du conteneur. L’équipe rassurée, la règle change. Un aménagement est proposé pour faciliter et sécuriser l’accès et les enfants commencent même la construction d’une cabane sur le conteneur.
Sur un autre TA les cabanes deux étages se généralisent et on grimpe régulièrement sur le 2e étage
Un espace social
Le terrain d’aventure devient au fil du temps un réel espace social :
- On nous demande des informations, des conseils et on travaille la question de l’accès au droit – avec ou sans la C@riole.
- Un espace pour les enfants, pour les familles
- Un espace autour de l’alimentation. On y donne souvent du goûter. Une entreprise, au Clos Toreau par exemple, nous livre régulièrement des fruits. On y organise souvent des barbecues.
Conseil d’enfants – institutionnels
Les conseils d’enfants se sont tenus de manière régulière même si ils étaient non obligatoires. Les enfants s’en sont saisi pour exprimer ce qu’il vivait sur le TA. Celui-ci a été principalement investi par les 5-8 ans mais les plus grands y ont ponctuellement tenu des rôles tel que scribe ou donneur de paroles.
Certains projets nommés en conseil d’enfants ont pu être réalisés tel qu’une piscine ; une villa (grosse cabane) ; un labyrinthe ; un pique-nique. De fait le conseil d’enfants va plus loin en fonction de la durée du TA.
Un terrain d’aventure c’est une équipe et des partenaires
Une équipe et des militant.es
Une équipe de TA c’est une « alchimie », un équilibre à construire. C’est une équipe à construire autour de pédagogies qui ne sont majoritairement pas vécues dans les structures de loisirs ou socioculturelles : de la pédagogie sociale, de l’accompagnement sur de l’activité libre, au cœur d’un quartier et dans un espace ouvert. Ce n’est pas facile et la fonction du coordinateur ou de la coordinatrice du TA est essentielle. Il convient de former les animateurs et de les accompagner en s’appuyant sur les 3 jours de formations proposés à tout le monde. Il convient aussi d’analyser la dynamique du TA, les points de tension entre enfants et observer si les conflits arrivent à se régler seuls pour n’intervenir qu’en cas de besoin. C’est une personne qui comme dans chaque équipe pose un cadre de référence, gère les conflictualités. C’est aussi la relation avec l’ensemble des partenaires du TA : expliciter le projet, la pédagogie, donner une place en mesurant les intentions, les capacités. C’est toujours plus simple la 2e année. Parfois le partenaire va utiliser le TA en dehors des heures d’ouverture. C’est le cas par exemple à St Nazaire avec l’Espace de Vie Sociale « Au Coeur » via la signature d’une convention afin de réaliser des animations lors des jours de fermeture du TA.
Des partenaires, une inscription dans le quartier
C’est un travail de longue haleine. Il est de fait plus important quand le TA ouvre sur une période plus longue. Le TA du Clos Toreau à Nantes est situé dans le quartier où se situe notre siège régional. Le travail de partenariat a débuté dès le mois de Novembre pour définir collectivement les orientation du terrain en s’appuyant sur le bilan de 2021 :
- mettre l’accent sur le travail partenarial avec les acteurs du territoire et sur l’aménagement d’un espace convivial sur le terrain.
- communication auprès des habitants
- réduction des nuisances sonores
- travail avec les espaces vert pour l’utilisation des arbres
- évacuation des déchets
Pour construire la dynamique collective, trois comités de pilotage ont eu lieu ainsi qu’un comité pédagogique (concernant les associations intervenant sur le TA)
Une rencontre avec les habitant.es étaient organisée le 25 avril : occasion de revenir sur l’expérience de 2021 et de construire des leviers d’amélioration afin de réduire les gênes (le TA se situe à 5 mètres des premières habitations). Pour diminuer les nuisance sonore, réduction du temps de bricolage sur le terrain : de 14h à 19h et pas de marteaux avant 15h, afin de permettre au voisin de se reposer. A aussi été loué un conteneur de 40 pieds supplémentaire pour stocker les Matériaux (sauf palettes)
Un travail de communication auprès des habitant.es a été effectué avec un affichage dans les halls d’immeuble du quartier avec la mise à disposition d’un badge par Nantes Métropole Habitation et avec l’aide d’une habitante et de volontaires des CEMEA habitant le quartier. Du porte à porte a été organisé avec l’élu de quartier – Patrice Boutin sur les immeubles avoisinants (rue de Biaritz) avec des retours très positifs des habitant.es.
L’installation du TA, en mai, s’est faite avec des jeunes et l’ADPS (Agence départementale de la prévention spécialisée) et a renforcé le lien entre le TA et les jeunes. Pendant l’installation plusieurs habitant.es sont passé prendre un café, donne un coup de mains.
Le partenariat au Clos Toreau, cela s’est traduit concrètement :
- Avec Géode Environnement (entreprise de valorisation des déchets) qui nous livre des matériaux (tasseaux, palettes, tuyaux…). Le conteneur plein, l’entreprise évacue une partie de nos déchets dans le courant de l’été.
- Avec l’accueil de loisirs de l’Accoord qui viendra avec des groupes de 20 enfants (6 fois au cours de l’été)
- Les tigres de Nantes : 1 fois avec 4 enfants
- JNA 3 fois avec 6 enfants (de Bellevue)
- Présence sur la fête du quartier le 11 juin
- Avec l’Accoord organisation de trois soirées « Barbecue et animations » (jeux en bois, spectacle de jonglage, soirée Loto) mais aussi avec la Ludothèque et des animations familles tous les mercredi après midi.
- Avec le secteur jeunesse 16 – 25 ans co-porté CEMEA et ACCOORD avec 4 autofinancements pour des séjours jeunes : nettoyage du terrain, rangement du conteneur ; aide à l’aménagement, élaboration des affiches pour les habitants
- Avec 2L Connexion. La campagne est venue au Clos : poules, oies, moutons… le 17 août
- Avec l’école Maternelle Marie-Curie. Nous avons accueilli 2 groupes classes sur le terrain.
- Avec L’acavale qui fera une partie de son festival en Juillet sous les arbres, à l’abri de la chaleur et qui contribuera avec le TA à faire partir en séjours une dizaine d’enfants du Clos.
Le travail au Clos Toreau est un exemple mais il permet d’illustrer comment le TA est un espace pour les enfants, pour les familles, un espace approprié par les associations. C’est un engagement dans le temps, régulier et dans une posture d’écoute et de faire collectif.